dimanche 19 septembre 2010

Gulou : Abandon d’un grand projet pékinois ?



En janvier 2010, il était question de « relooker » le quartier historique de la tour du tambour dans l’arrondissement de Dongcheng. Le grand projet consistait à démolir et reconstruire le quartier afin de créer des maisons à cour pour personnes fortunées, des boutiques de luxe et un musée souterrain baptisé « Cité culturelle du temps. » Naturellement, ces projets ont mécontenté de nombreux habitants, des historiens et les amateurs du vieux Pékin, qui craignaient que le quartier connaisse le même sort que le quartier emblématique de Qianmen - qui fut totalement métamorphosé dans la perspective des jeux olympiques de 2008 - et qui depuis a perdu toute authenticité.

Courant juin 2010, j'ai séjourné quelques jours chez mon ami Robin Foo, habitant du quartier de Gulou.

« Lorsque les travaux seront achevés, cet endroit ressemblera à un décor de cinéma » tel était le point de vue réaliste de Robin Foo, architecte de Brunei d’origine chinoise installé depuis plus de six ans dans le quartier historique. Il y a mis en valeur un ancien temple datant de la dynastie Yuan, édifice accueillant son agence d’architecture, un café et des salles de réception.

Dans la partie nord du quartier qui borde le deuxième périphérique de Pékin, et quelques pas de la résidence de Robin Foo, de nombreux hutongs - ruelles de maisons à cour caractéristiques du vieux Pékin - ont été détruits, laissant place à un vaste terrain vague. C’est ici que passera la ligne 8 du métro reliant le nord de la capitale au quartier des lacs.

Afin que le projet avance rapidement des indemnités de départ s’élevant pour certaines familles jusqu'à 3 millions de yuans, environ 260 000 euros ont persuadé bon nombre d’habitants. D’autres se seraient vu proposer des indemnités en nature tel un logement sur le site.

Mais en septembre 2010, c’est une nouvelle donne. Le redécoupage administratif de Pékin a réduit le nombre de quartiers "historiques" du «vieux Pékin» de quatre (Dongcheng, Chongwen, Xuanwu et Xicheng) à deux (Dongcheng et Xicheng) et a eu pour effet d'écarter les projets de réaménagement du quartier de Gulou.

Surnommé «Cité culturelle du temps », le grand projet de «rénovation» de Yang Yiwen, l'ancien directeur du district de Dongcheng, a été écarté.

Le projet controversé serait donc apparemment abandonné. Alors que les autorités maintiennent que l'avenir de Gulou n'est pas clair, les experts de la préservation du patrimoine culturel ont qualifié cette nouvelle d'espoir pour l'un des derniers morceaux de la ville restant de l’authentique culture du hutong.

Alors que le Global Times estime que de nombreux habitants de Gulou étaient en faveur de la table rase faisant place à une rénovation clinquante, le gel des travaux de réaménagement permet aux défenseurs du vieux Pékin de travailler sur des stratégies de maintien de l'intégrité du quartier tout en améliorant les conditions de vie des résidents.

"L'arrêt des démolitions nous donne le temps de vraiment réfléchir à ce qui convient le mieux à la fois aux résidents et à la préservation historique", a déclaré Zhang Pei du centre de protection du patrimoine culturel de Pékin.

lundi 13 septembre 2010

Littérature de Pékin : 60 ans



Littérature de Pékin (Beijing wenxue北京 文学) fête son soixantième anniversaire à l’occasion de la parution de son numéro de septembre. Comme la plupart des magazines créés peu après la fondation de la République populaire de Chine, Littérature de Pékin a connu des hauts et des bas.

Ce magazine littéraire est paru pour le première fois le 10 septembre 1950 sous le titre de Arts et Lettres de Pékin (Beijing Wenyi北京文艺), Lao She en était le rédacteur en chef et Wang Zengqi avait pris la tête de la rédaction. L’année suivante, la fédération des cercles littéraires et artistiques de Pékin décida d’arrêter la publication afin que le personnel puisse consacrer pleinement son énergie à Histoires et Chants (Shuoshuo Changchang说说 唱唱), publié dès janvier 1950, sous la direction de l’écrivain du Shanxi, Zhao Shuli.

Histoires et Chants sortit son dernier numéro quelques années plus tard en mars 1955, après quoi la fédération rétablit le nom de Arts et Lettres de Pékin et commença à publier une grande variété de textes. Ayant retrouvé son poste de rédacteur, Lao She décrit la mission de la revue dans le nouvel éditorial :

"Ce que sera la revue Arts et Lettres de Pékin, nous allons l’expliquer ci-après: en termes d’écriture, Arts et Lettres de Pékin se devra d’être populaire. Que ce soit dans le travail de création ou de critique, nous souhaitons que les textes soient concis et lisibles. Nous voulons aborder les sujets en profondeur et en termes simples, chaque texte doit être riche et clair. Nous savons que la majorité des lecteurs ont besoin de telles œuvres. Par conséquent, même si il faut un degré élevé de compétences littéraires pour écrire sur des sujets profonds de façon succincte et lisible, et bien que cela ne soit pas une capacité que l’on maîtrise en un jour, nous espérons néanmoins que nos contributeurs feront avec nous l’effort de travailler à la construction d'un nouveau style."

Lao She resta rédacteur en chef de la revue jusqu'au début de la Révolution culturelle, époque durant laquelle la grande majorité des magazines du pays cessèrent de publier. Lao She mourut le 24 août 1966 en se noyant dans le lac Taiping à Pékin.

En 1971, rebaptisée Nouveau Arts et Lettres de Pékin (Beijing XinWenxue 北京新文艺), la revue fut le premier magazine littéraire du pays à publier de nouveau. Elle retrouva son nom d’avant la Révolution culturelle en 1973, puis devint en Octobre 1980 l’actuel Littérature de Pékin. Durant la période agitée, le magazine a été dirigé par un responsable en chef, le poste de rédacteur en chef ne fut recréé qu’en 1981.

Littérature de Pékin a été au centre des débats entourant un certain nombre de mouvements littéraires dans les années 1980 et 1990, y compris le pseudo-modernisme de la fin des années 80 et la nouvelle fiction de la fin des années 90.

Le numéro célébrant le 60ème anniversaire de Littérature de Pékin présente les réflexions de quelques grands auteurs chinois ayant collaboré avec la revue, ainsi que des textes originaux dont une nouvelle inédite de Cao Naiqian, écrivain du Shanxi, dont cinq textes regroupés sous le titre « Quand vient la nuit… » ( Dao heiye xiang ni mei banfa 到黑夜想你没办法) étaient parus en juin 1988 après avoir reçu les éloges de Wang Zengqi.

http://www.beijingwenxue.com/


Note annexe :
Courant 2008, Cao Naiqian a donné son accord pour la traduction par Chen Xiangrong et Raymond Rocher de ses nouvelles regroupées sous le titre ( Dao heiye xiang ni mei banfa 到黑夜想你没办法). Raymond Rocher a donc proposé les textes à Bleu de Chine (Gallimard).
En 2009, une fois les contacts établis et l’accord de l’éditeur pour une publication, Cao Naiqian sous l’influence très troublante de son traducteur suédois Göran Malmqvist a soudainement remis en cause le travail de traducteurs de Chen Xiangrong et Raymond Rocher et les a discrédités de façon grotesque auprès de la maison d’édition.
La traduction de « Quand vient la nuit … » est assurée depuis 2010 par de nouveaux traducteurs présentés par le mentor suédois.

http://articles.latimes.com/2000/dec/17/books/bk-973

http://mychinesebooks.com/cao-naiqian/