vendredi 1 février 2008

Zhang Hanzhi : disparition d'une figure de la diplomatie chinoise



Le 26 janvier 2008, « Zhang Laoshi », comme aimait l'appeler le président Mao, est décédée à l'hôpital Chaoyang de Pékin, à l'âge de 73 ans.

Zhang Hanzhi était un visage qui reflètait le charme, une voix celle du professeur d'anglais puis de l'interprète du président Mao et une silhouette, synonyme d'élégance. Née à Shanghai en 1935, elle était la fille adoptive de Zhang Shizhao, juriste et haut fonctionnaire dans le gouvernement du Kuomintang.

En 1962, elle rencontra le grand timonier lors de la célébration de son 70eme anniversaire. Peu de temps après, le leader communiste lui demanda de lui donner sa première leçon d'anglais. Mais les intrigues politiques reprirent rapidement le dessus. Un dimanche de mai 1964, lorsque qu'elle arriva à Zhongnanhai pour dispenser son cours, Mao lui annonça que pour des raisons internes au Parti, il n'avait plus de temps à consacrer à l'apprentissage de l'anglais. La Révolution culturelle était en gestation.

Deux ans plus tard, la violence s'était répandue dans toutes les couches de la société. Les hauts fonctionnaires et les grands universitaires étaient devenus la cible d'humiliations publiques. Horrifiée par la tournure que prenaient les évènements, elle se décida à écrire une lettre à Mao, le suppliant de faire cesser les violences. Elle demanda également à le rencontrer, mais sa demande fut rejetée sous la forme d'une réponse sibylline.
= Le président a reçu votre lettre, mais estime que ce n'est pas le moment opportun pour vous voir. Il vous a laissé deux messages. Le premier est le suivant : « Vous devez affronter le monde et braver la tempête.» Le second est : « Si aujourd'hui vous avez du vin, enivrez-vous et ne vous inquiétez pas du lendemain ». =

Déçue et désorientée, elle chercha à trouver un sens à la Révolution culturelle. C'est alors qu'elle devint rapidement une cible. Les trois années suivantes furent un cauchemar. Elle traversa une période de frustration, devenue l'objet d'attaques personnelles, elle fut privée de liberté et classée dans la catégorie des révisionnistes et des espions à la solde de l'étranger.

Dans la tourmente, Mao l'aida elle et son père aux moments les plus critiques. En septembre 1966, lorsque la maison de son père fut mis à sac par les gardes rouges, Mao demanda au premier ministre Zhou Enlai de prendre des mesures de protection. En 1968 et 1969, lorsqu'elle informa Mao des persécutions dont ses amis et elle étaient l'objet, Mao ordonna à sa garde rapprochée de prendre en charge l'établissement où elle enseignait. Le moment était venu de mettre fin au chaos.

Ouvrière textile, Mao la recontacta en juin 1970. Il lui demanda de rejoindre l'Institut des Langues étrangères de Pékin afin de participer au lancement de la réforme du système éducatif. Selon Mao, la Chine avait également besoin de femmes diplomates, il lui demanda donc de rejoindre le corps diplomatique une fois la réforme de l'enseignement achevée.

A priori, l'attitude de libre-penseur de l'universitaire et la rectitude bureaucratique du Ministère des affaires étrangères chinois n'étaient pas destinées à faire bon ménage. Dans ses premiers pas de diplomate, Mme Zhang eut donc quelques difficultés d'adaptation.

Démoralisée par ses tâches quotidiennes, elle était prête à quitter le Ministère. Mais avec le soutien de Mao, elle resta en poste. Sa maîtrise de l'anglais l'a conduit à devenir l'un des meilleurs traducteurs de Chine, la menant à assurer l'interprétation lors des entretiens avec Henry Kissinger, et pour le président Nixon lors de sa visite en Chine en 1972. Ainsi, elle put jouer un rôle dans un grand nombre de réunions politiques de haut niveau qui contribuèrent à ouvrir la Chine au monde extérieur, en particulier avec les Etats-Unis.

En novembre 1971, elle fut membre de la délégation chinoise à l'ONU. C'est lors de ce voyage à New York qu'elle retint l'attention de Qiao Guanhua, le vice-ministre des Affaires étrangères. En 1973, elle scandalisa les milieux politiques à Pékin par son divorce avec Hong Junyan, économiste à l'Université de Pékin, et son mariage quelques mois plus tard avec Qiao Guanhua, qui devint ministre des Affaires étrangère de 1974 à 1976.
A la mort de Mao, Zhang Hanzhi fut placée en résidence surveillée. Période pendant laquelle on l'incita à se suicider. Tenace, elle fut libérée en 1980. Après la mort de son second mari en 1983, elle rédigea ses mémoires qui devinrent des best-sellers.

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