dimanche 30 septembre 2007

Mon cher ennemi (Extrait)

Une fois les amateurs de soupe partis, la cour se révéla déserte. Une paire de baguettes en bois reposant sur chacun d'eux, des dizaines de bols de choux bien ronds, ouverts sur le ciel, semblaient y avoir poussé. Peu avant on entendait encore des bruits de succion et tout à coup, il ne restait que des bols vides. Absorbé par le néant, Lao Dan les regardait. Pendant un long moment, il resta sans voix. Sa cour le faisait songer à une scène de théâtre après le spectacle. Dadan en avait une perception tout à fait différente, il estimait que ces bols vides appartenaient au passé. Des choses bien plus fraîches et bien plus palpables l'attendaient, car pour lui, le spectacle n'avait pas encore commencé. Il dit : Huanhuan, allons dans la chambre, notre père aime bien réfléchir, laissons-le et rentrons. Quand Huanhuan fit volte-face, Lao Dan se mit à parler.
- Vous retournez dans votre chambre, et que faites-vous des bols vides ? C'est à moi de les laver ?
- Mais je te vois les regarder, dit Dadan.
- Je les regarde ? Et pourquoi je m'intéresserais à des bols vides ? Tu te trompes !
Huanhuan ne dit rien, elle retroussa ses manches et commença à ramasser les grands bols de porcelaine. Dadan resta figé, ne sachant que faire, puis il se mit à l'aider. Le claquement de la vaisselle redonnait vie à cette maison. Immobile, Lao Dan les regardait faire. Somme toute, il reconnaissait qu’elle savait respecter les usages. Quand ils eurent fini de ranger, il faisait nuit. Dadan et Huanhuan se tenaient debout devant leur père, attendant de nouvelles instructions.
Mon cher ennemi de Yang Zhengguang
traduit par Raymond Rocher et Chen Xiangrong
aux éditions Bleu de Chine.

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