Le vent du Nord

Durant mes années de séjour en Chine du Sud, il m'a souvent semblé que la ville de Canton se situait au large des côtes de la politique pékinoise, à en oublier la rectitude du Parti.
Etrange illusion !

Dans la Chine nouvelle, lorsqu'une manifestation internationale d'importance majeur s'annonce tel un évènement sportif, les mesures de rigueur s'appliquent sans délai. Lundi 19 mai, le vent du Nord a une fois encore soufflé sur la capitale méridionale.

Non, je ne parle pas des étrangers travaillant en Chine qui doivent temporairement quitter le territoire pour cause de régularisation incomplète de leurs situations. Il s'agit ici d'aborder la question des démonstrations de force opérées dans le contexte de l'évènement JO.

Bien qu'imprimée en noir et blanc conformément au respect des trois jours de deuil national, la dernière édition du journal cantonais Information Times (xinxi shibao) n'a pas fait sa une sur les tragiques conséquences du séisme contrairement à l'ensemble de la presse.

A première vue, le regard du lecteur est happé par ce qui paraît être une démonstration d'efficacité des forces de police telle qu'exhibée une semaine jour pour jour après le tremblement de terre.

La photo centrale montre des policiers à l'entraînement tirant une salve de gaz lacrymogènes. Les trois autres illustrations attirent l'attention sur des véhicules blindés, des policiers équipés d'un nouveau modèle d'armement, et un entraînement anti-terroriste.

Selon le journal, les manoeuvres sont une préparation pour assurer l'accueil des jeux olympiques et la sécurité de la province du Guangdong.

En bas à droite de cette une, un encart informe le lecteur que la publication d'un guide pour l'examen d'entrée au lycée a du être reportée. La raison en est la suivante "En accord avec les exigences de la direction, notre journal se consacre exclusivement aux reportages traitant des conséquences du séisme."

Les voies de la presse chinoise demeurent impénétrables.