dimanche 5 juillet 2009

Shanghai 2010 : Dongtan, la possibilité d'une île

Dongtan, ses marécages

Dongtan, ville modèle du développement durable devait être la vitrine écologique de la Chine à l’occasion de l’exposition universelle 2010. Située au nord de Shanghaï et à l’extrémité orientale de Chongming, une grande île, à l’embouchure du fleuve Yangtse, cette éco-cité est restée au stade de projet. Dans une première phase, la ville durable devait accueillir 10 000 habitants pour compter à terme 500 000 personnes sur 86 km² en 2050.

Mais à ce jour, la première phase des travaux n’a toujours pas vu le jour par manque de financement. Le coût de l’opération s’élevait officiellement à 1,3 milliard de dollars, mais la facture a rapidement dépassé les 10 milliards.

Ce qui devait être la plus belle « vitrine écologique » du monde n’était qu’un rêve au pays des métropoles les plus polluées de la planète.


Pour l’heure, il paraît légitime de se demander si le grand projet-modèle n’était pas une simple opération marketing orchestrée par quelques édiles shanghaïens ? Dongtan qui devait être la locomotive de l’exposition universelle de Shanghaï est restée en gare. Pour le moins, elle aura fait rêver le monde sur le thème d’une Chine meilleure qui se préoccupe du changement climatique et du développement durable.

Sans parler de la crise économique mondiale qui n’a rien arrangé à l'affaire.

Et pourtant, le projet d’écoville de Dongtan semblait très prometteur.
Revenons en 2005. Suivant le modèle des éco-quartiers du Bedzed (Beddington Zero Energy Development) de Sutton près de Londres, la Shanghai Industrial Investment corporation avait fait appel à Arup, conseil en ingénierie pour bâtir la première écoville du monde.


Le projet constitué de trois écovillages prévoyait un développement en trois phases.

- La première devait être livrée en 2010 pour accueillir 10 000 résidents sur un site de 100 hectares.
- La seconde prévoyait un site développé sur 650 hectares en 2020, accueillant 80 000 habitants.
- La troisième annonçait un développement futur atteignant les 500 000 habitants sur 3 000 hectares en 2050.


Mais depuis, rien n’a bougé, les acteurs du projet ne sachant toujours pas qui paierait quoi.

Pour les fidèles du miracle shanghaïen, Dongtan devait être la vitrine économique des dernières innovations techniques et urbanistiques, en termes de production d’énergie verte, d’isolation ou de circulations douces.


Les particularités du projet Dongtan déclinaient à tout venant :
- Utilisation des énergies renouvelables : éolienne ou solaire,
- Agriculture biologique,
- Les ressources locales utilisées pour la construction,
- Piles à combustible pour les véhicules, transports en commun, scooters électriques et vélos, voitures polluantes interdites dans la ville, taxis fluviaux fonctionnant à l’énergie solaire, interdiction des véhicules polluants,
- Du gazon et des plantes vertes recouvrent les toits pour l’isolation des bâtiments et le recyclage de l’eau,
- Huit étages maximum pour les immeubles,
- Pour les piétons, un espace six fois plus grand qu’à Copenhague.
- 20% des logements réservés à l”habitat social.

Dongtan allait interdire les véhicules polluants
40% de l’espace devait être occupé par des bâtiments, des réserves écologiques et des couloirs naturels aménagés. Les transports en commun devaient réduire la pollution sonore et l’émission de CO2. Les taxis fluviaux devaient fonctionner à l’énergie solaire et les bus à l’hydrogène.
Les lacs et canaux devaient être autant de moyens de transports naturels.
Le projet de mobilité de Dongtan avait donc un objectif zéro émissions de gaz à effet de serre dans les transports, le rêve.

De surcroît, Dongtan devait faire une large place aux énergies renouvelables, entre l’éolien des vents marins et le solaire, chaque immeuble devant être équipé de panneaux à cellules photovoltaïques.
Dongtan devait être énergétiquement autonome. Les bâtiments devaient fournir leur électricité par des panneaux photovoltaïques et des mini-turbines alimentées par le vent. Les transports en commun devaient fonctionner à l’énergie solaire, grâce à la biomasse ou encore aux piles à combustibles. Les trois villages devaient être construits autour d’étangs. Les bâtiments comportant des toits végétaux ne devaient pas excéder huit étages.

On nous promettait un urbanisme inédit pour la Chine, qui s’est lancée depuis une décennie dans la construction de gratte-ciel et qui compte 8 des 10 édifices les plus hauts du monde.

Le projet Dongtan prévoyait un air de qualité supérieure, les voitures à diesel et essence étant bannies du centre-ville au profit des transports verts, bus ou tramway.
Les deux tiers de la ville, composés d’espaces verts, devaient être réservés aux piétons. Ces zones devaient être consacrées à l’agriculture et constituer des zones tampons de marécages domestiqués, permettant de faire la transition avec les marécages “naturels”. Les habitants allaient manger des aliments issus de l’agriculture biologique produits localement. La marina allait être entourée d’espaces dédiés aux loisirs et aux zones résidentielles.

On devait recycler 80% des déchets solides. Les ordures ménagères devaient servir de combustible pour produire de l’électricité.

La liste des innovations est encore longue mais le souffle me manque.



En toute modestie, les « villes propres » fleurissent en Chine depuis les années 1990, tel Zhijiagang, son centre piétonnier et ses larges avenues arborées. Là-bas, la vie continue.

A l’image des grands projets chinois d’éco-cités, Dongtan est mort né. Chen Liangyu, l’ancien maire de Shanghai qui soutenait le projet, purge une peine de 18 ans de prison pour corruption. A part, le pont et le tunnel desservant quelques tours sur l’île de Chongming, rien à l'horizon.

"Il existe au milieu du temps, la possibilité d'une île".

Aussi, il est encore temps de se tourner vers Abu Dhabi où l’architecte Norman Foster propose un projet similaire, pour le moins ambitieux.

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