vendredi 17 juillet 2009

Chine: la menace du terrorisme islamique ?

Parti islamique du Turkestan


A lire l'article du Point sur les réactions de la communauté internationale, conséquences de la médiatisation des émeutes du 5 juillet à Urumqi.

Douze jours après les émeutes interethniques d'Urumqi entre Hans et Ouighours chinois qui ont fait 192 morts et plus de 1.600 blessés, selon le dernier bilan, la diplomatie chinoise s'efforce d'apaiser le monde musulman. "Nous allons expliquer à chaque pays concerné, très clairement, ce qui s'est passé", confie un diplomate chinois, prudent.

Plusieurs États, à commencer par la Turquie, où vit toujours une très forte communauté ouighoure, se sont mobilisés en faveur de leurs lointains cousins chinois. Dimanche dernier, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a comparé la situation des Ouighours en Chine à une "sorte de génocide". Pékin a très mal pris l'affaire. La presse chinoise a rétorqué en rappelant le génocide arménien perpétré par les Turcs au début du XXe siècle, et le porte-parole chinois, Qin Gang, a répondu mardi : "Quelle est cette sorte de génocide ethnique ? En 1949, la population des Ouighours au Xinjiang était de 3,29 millions. À présent, ils sont près de 10 millions, trois fois plus qu'il y a 60 ans" (les chiffres officiels chinois font normalement état de 8,3 millions de Ouighours). Le diplomate n'a pas précisé qu'au cours de la même période, la population han (ethnie majoritaire en Chine) a encore plus progressé, passant de 260.000 habitants dans cette région à plus de 8,5 millions aujourd'hui. Or cette sinisation du Xinjiang est une des racines du malaise ouighour...

En Iran, l'Ayatollah Nasser Shirazi a reproché au gouvernement de Téhéran de rester silencieux après les émeutes du Xinjiang. "Il est vrai que le gouvernement chinois et son peuple ont des liens économiques étroits avec nous et avec d'autres pays islamistes, mais cela ne justifie en rien l'horrible répression engagée contre nos frères et nos soeurs ouighours !"

Les États-membres de la Conférence islamique avaient en début de semaine l'intention d'organiser mercredi prochain une conférence spéciale, au niveau des ambassadeurs, pour discuter des Ouighours du Xinjiang, mais les diplomates chinois s'efforcent actuellement de désamorcer ce projet. "La realpolitik économique et les bonnes relations tissées depuis soixante ans par la Chine avec tous les pays du tiers monde devraient limiter les réactions", considère un ambassadeur africain représentant un État musulman. "Tout le continent afro-arabe a aujourd'hui des liens étroits avec la Chine."

Des manifestations de soutien aux Ouighours chinois ont également eu lieu dans les pays musulmans d'Asie (Malaisie, Indonésie), mais elles sont restées très modérées.


Pékin en alerte

La véritable menace pourrait venir d'Al Qaeda, le groupe extrémiste de Ben Laden, qui a revendiqué les actes terroristes du 11 Septembre 2001 à New York. Selon la société Stirling Assynt, basée à Londres et spécialisée dans l'analyse des risques, qui a envoyé un rapport aux agences de presse, la filiale maghrébine d'Al Qaeda menacerait les intérêts chinois en Afrique du Nord en représailles contre les événements d'Urumqi. Pékin a pris la menace très au sérieux. Plus de 50.000 Chinois vivent en Algérie, travaillant principalement dans des chantiers de construction et l'extraction pétrolière. L'ambassade de Chine à Alger a donc appelé ses ressortissants à prendre des mesures de précaution supplémentaires. En juin, cette section algérienne d'Al Qaeda (AQMI) a revendiqué l'attentat perpétré contre 24 Algériens chargés d'assurer la sécurité d'ingénieurs chinois. À Tunis, l'Ambassade de Chine a également renforcé son niveau de protection.

Rebiya Kadder, la présidente des Ouïghours en exil, qui avait été pointée du doigt par les autorités locales du Xinjiang quelques heures après la révolte du 5 juillet comme la grande instigatrice de ces émeutes, s'est aussitôt dédouanée des propos d'Al Qaeda. "La violence ne peut entraîner que davantage encore de violence, ce n'est pas une solution", a-t-elle déclaré depuis les États-Unis.

Ces réactions n'étonnent guère les chancelleries occidentales. "Jusqu'à présent la Chine jouissait d'une position privilégiée. Elle opérait dans le monde entier comme acteur économique et politique global, mais restait l'un d'entre eux aux yeux des pays du tiers monde. Il n'est pas étonnant qu'en aspirant à devenir une grande puissance, la Chine doive désormais se trouver confrontée à ce type de problème de sécurité", commente un conseiller militaire. "L'erreur des autorités chinoises, estime un diplomate européen, est de n'avoir pas donné très vite la répartition ethnique des blessés et morts à l'issue des émeutes du 5 juillet." Il a fallu trois jours pour que les chiffres officiels chinois révèlent une proportion d'environ 70 % de victimes Hans (l'ethnie chinoise majoritaire), confirmée par les enquêtes qu'ont pu mener les journalistes étrangers sur le terrain. Pendant ce temps, les groupes de Ouighours en exil affirmaient que le nombre de victimes et arrestations parmi les Ouighours étaient beaucoup plus élevés. Leurs affirmations n'ont pas été confirmées à ce stade. [...]



http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-07-17/emeutes-du-xinjiang-la-chine-est-elle-menacee-par-le-terrorisme-islamique/924/0/362349

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