samedi 18 juillet 2009

Paris : Touche pas à mon Ouïghour

PARIS (AFP) - Manifestation d'Ouïghours à Paris contre "l'oppression chinoise" .

Des dizaines d'Ouïghours, étudiants ou réfugiés politiques en France, ont manifesté samedi à Paris pour appeler la communauté internationale à faire pression sur la Chine afin qu'elle cesse le "massacre" des Ouïghours et l'"oppression des minorités".

Soutenus par plusieurs associations dont celle des Tibétains en France, les manifestants brandissaient des panneaux où était écrit "Stop killing Uyghurs" (Arrêtez le meurtre des Ouïghours), "Uyghurs want justice" (Les Ouïghours veulent la justice) ou encore "Touche pas à mes Ouïghours".

Certains arboraient également des posters à l'effigie de la dissidente ouïghoure en exil à Washington Rebiya Kadeer.

"Il faut que la communauté internationale intervienne pour faire pression sur la Chine et stopper la politique de répression des autorités chinoises", a affirmé à l'AFP Yusufu Akbar, président de l'association des Ouïghours de France, au travers d'une traduction en français.

"Ce n'est pas nouveau. Depuis 1949, la Chine mène une politique de génocide contre les Ouïghours. Il faut qu'elle cesse ce massacre", a-t-il affirmé.

"Nous ne voulons pas que l'oppression chinoise reste une affaire intérieure. La communauté internationale doit cesser de sacrifier la démocratie et les droits de l'Homme pour ses intérêts économiques", a renchéri un manifestant dont le visage était masqué par craintes de représailles contre sa famille en Chine.

La France compte une petite communauté ouïghoure d'environ 500 personnes, essentiellement des réfugiés politiques ou des étudiants, selon l'association.

Des affrontements ont éclaté début juillet à Urumqi, capitale du Xinjiang, région de l'extrême nord-ouest de la Chine entre Ouïghours, une minorité turcophone musulmane, et Hans, ethnie majoritaire en Chine, faisant près de 200 morts et quelque 1.600 blessés selon un bilan officiel.

Le Grand Ouest chinois : Vers une alliance ?

Madame Rebiya Kadeer, richissime femme d'affaires, peut-être la réincarnation de la Reine-mère de l'Ouest et sa Sainteté le Dalaï-lama, moine de l'école des Gelugpas.

vendredi 17 juillet 2009

Chine: la menace du terrorisme islamique ?

Parti islamique du Turkestan


A lire l'article du Point sur les réactions de la communauté internationale, conséquences de la médiatisation des émeutes du 5 juillet à Urumqi.

Douze jours après les émeutes interethniques d'Urumqi entre Hans et Ouighours chinois qui ont fait 192 morts et plus de 1.600 blessés, selon le dernier bilan, la diplomatie chinoise s'efforce d'apaiser le monde musulman. "Nous allons expliquer à chaque pays concerné, très clairement, ce qui s'est passé", confie un diplomate chinois, prudent.

Plusieurs États, à commencer par la Turquie, où vit toujours une très forte communauté ouighoure, se sont mobilisés en faveur de leurs lointains cousins chinois. Dimanche dernier, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a comparé la situation des Ouighours en Chine à une "sorte de génocide". Pékin a très mal pris l'affaire. La presse chinoise a rétorqué en rappelant le génocide arménien perpétré par les Turcs au début du XXe siècle, et le porte-parole chinois, Qin Gang, a répondu mardi : "Quelle est cette sorte de génocide ethnique ? En 1949, la population des Ouighours au Xinjiang était de 3,29 millions. À présent, ils sont près de 10 millions, trois fois plus qu'il y a 60 ans" (les chiffres officiels chinois font normalement état de 8,3 millions de Ouighours). Le diplomate n'a pas précisé qu'au cours de la même période, la population han (ethnie majoritaire en Chine) a encore plus progressé, passant de 260.000 habitants dans cette région à plus de 8,5 millions aujourd'hui. Or cette sinisation du Xinjiang est une des racines du malaise ouighour...

En Iran, l'Ayatollah Nasser Shirazi a reproché au gouvernement de Téhéran de rester silencieux après les émeutes du Xinjiang. "Il est vrai que le gouvernement chinois et son peuple ont des liens économiques étroits avec nous et avec d'autres pays islamistes, mais cela ne justifie en rien l'horrible répression engagée contre nos frères et nos soeurs ouighours !"

Les États-membres de la Conférence islamique avaient en début de semaine l'intention d'organiser mercredi prochain une conférence spéciale, au niveau des ambassadeurs, pour discuter des Ouighours du Xinjiang, mais les diplomates chinois s'efforcent actuellement de désamorcer ce projet. "La realpolitik économique et les bonnes relations tissées depuis soixante ans par la Chine avec tous les pays du tiers monde devraient limiter les réactions", considère un ambassadeur africain représentant un État musulman. "Tout le continent afro-arabe a aujourd'hui des liens étroits avec la Chine."

Des manifestations de soutien aux Ouighours chinois ont également eu lieu dans les pays musulmans d'Asie (Malaisie, Indonésie), mais elles sont restées très modérées.


Pékin en alerte

La véritable menace pourrait venir d'Al Qaeda, le groupe extrémiste de Ben Laden, qui a revendiqué les actes terroristes du 11 Septembre 2001 à New York. Selon la société Stirling Assynt, basée à Londres et spécialisée dans l'analyse des risques, qui a envoyé un rapport aux agences de presse, la filiale maghrébine d'Al Qaeda menacerait les intérêts chinois en Afrique du Nord en représailles contre les événements d'Urumqi. Pékin a pris la menace très au sérieux. Plus de 50.000 Chinois vivent en Algérie, travaillant principalement dans des chantiers de construction et l'extraction pétrolière. L'ambassade de Chine à Alger a donc appelé ses ressortissants à prendre des mesures de précaution supplémentaires. En juin, cette section algérienne d'Al Qaeda (AQMI) a revendiqué l'attentat perpétré contre 24 Algériens chargés d'assurer la sécurité d'ingénieurs chinois. À Tunis, l'Ambassade de Chine a également renforcé son niveau de protection.

Rebiya Kadder, la présidente des Ouïghours en exil, qui avait été pointée du doigt par les autorités locales du Xinjiang quelques heures après la révolte du 5 juillet comme la grande instigatrice de ces émeutes, s'est aussitôt dédouanée des propos d'Al Qaeda. "La violence ne peut entraîner que davantage encore de violence, ce n'est pas une solution", a-t-elle déclaré depuis les États-Unis.

Ces réactions n'étonnent guère les chancelleries occidentales. "Jusqu'à présent la Chine jouissait d'une position privilégiée. Elle opérait dans le monde entier comme acteur économique et politique global, mais restait l'un d'entre eux aux yeux des pays du tiers monde. Il n'est pas étonnant qu'en aspirant à devenir une grande puissance, la Chine doive désormais se trouver confrontée à ce type de problème de sécurité", commente un conseiller militaire. "L'erreur des autorités chinoises, estime un diplomate européen, est de n'avoir pas donné très vite la répartition ethnique des blessés et morts à l'issue des émeutes du 5 juillet." Il a fallu trois jours pour que les chiffres officiels chinois révèlent une proportion d'environ 70 % de victimes Hans (l'ethnie chinoise majoritaire), confirmée par les enquêtes qu'ont pu mener les journalistes étrangers sur le terrain. Pendant ce temps, les groupes de Ouighours en exil affirmaient que le nombre de victimes et arrestations parmi les Ouighours étaient beaucoup plus élevés. Leurs affirmations n'ont pas été confirmées à ce stade. [...]



http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-07-17/emeutes-du-xinjiang-la-chine-est-elle-menacee-par-le-terrorisme-islamique/924/0/362349

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lundi 13 juillet 2009

YANG Yongliang: Un nuage à l'orizon

Yang Yongliang, A cloud On the Horizon


Arles 2009, Claude Hudelot présente l'artiste shanghaïen Yang Yongliang. L'œuvre du jeune photographe prend racines dans la tradition de la peinture de paysage, shanshui. Son oeil critique revisite la formidable urbanisation de la Chine. Son vocabulaire est celui de la modernisation: l'automobile, la grue et le gratte-ciel, constituant de nouveaux paysages urbains, le shanshui d'aujourd'hui. D'autant qu'il respecte les règles de l'art traditionnel, monts et vallées, brumes et nuages, vides et pleins.
Yang Yongliang, témoin de son temps.

Xinjiang : le noir et le blanc


Déclaration du ministère chinois des Affaires étrangères, le 8 juillet 2009:

Les violences survenues dimanche dans la Région autonome ouïgoure du Xinjiang (nord-ouest) ne sont pas une manifestation pacifique mais "des meurtres, des pillages et des incendies diaboliques", a déclaré mardi Qin Gang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

"Tout individu qualifiant les émeutes de manifestation pacifique essaie de confondre le noir et le blanc afin de tromper le public," a déclaré M. Qin, lors d'une conférence de presse régulière.

Plus de 150 personnes sont mortes et environ 1 000 autres ont été blessées suite aux émeutes de dimanche soir à Urumqi, chef-lieu du Xinjiang.

La police du Xinjiang a annoncé lundi disposer de preuves indiquant que la séparatiste et leader du Congrès mondial ouïgour Rebiya Kadeer avait fomenté les émeutes.

Rebiya Kadeer, ancienne femme d'affaires chinoise, avait été arrêtée en 1999 pour atteinte à la sécurité de l'Etat. Elle avait été mise en liberté sous caution pour recevoir un traitement médical aux Etats-Unis.

"Rebiya Kadeer est aussi impliquée dans de graves crimes économiques", a fait savoir M. Qin.

Avant son départ pour les Etats-Unis, Rebiya avait promis de ne pas s'engager dans des activités portant atteinte à la sécurité de l'Etat.

Grâce aux démarches du Bureau de l'Information du Conseil des Affaires d'Etat (gouvernement chinois), environ 60 journalistes étrangers se trouvaient au Xinjiang pour couvrir cet événement après les émeutes de dimanche.

"La Chine a adopté une attitude ouverte et transparente, aidant les journalistes chinois et étrangers à couvrir les nouvelles au Xinjiang", a souligné M. Qin, qui a souhaité que les médias rapportent la vérité de manière équitable.

M. Qin a aussi recommandé aux journalistes de respecter les lois et les règlements concernés et de prêter attention à leur propre sécurité.


http://www.amb-chine.fr/fra/zgyw/t571760.htm

samedi 11 juillet 2009

Relations Europe-Chine: la région autonome du Xinjiang

José Manuel Barroso et Hu Jintao

Chine : évènements intervenus dans la région du Xinjiang (Bruxelles, 7 juillet 2009).Déclaration de la présidence au nom de l’Union européenne

L’Union européenne se déclare profondément préoccupée par les troubles survenus dans la région du Xinjiang en Chine. Elle déplore la perte de vies humaines et exprime sa sympathie aux familles des victimes.

L’Union européenne lance un appel à toutes les parties pour qu’elles fassent preuve de retenue et demande que la situation trouve un dénouement de manière pacifique. Les droits de toutes les personnes en détention doivent être totalement respectés. L’Union européenne insiste sur l’importance qu’elle attache à tous les droits humains, notamment la liberté d’expression et le droit de se réunir pacifiquement.

L’Union européenne continue de suivre attentivement l’évolution de la situation.



http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/chine_567/europe-chine_2617/chine-evenements-intervenus-dans-region-du-xinjiang-07.07.09_74866.html

mercredi 8 juillet 2009

XINJIANG : LE COMPLOT ?

Xinkuai Bao du 8 juillet 2009

Voici quelques jours, le Xinkuai Bao, nouvel express rapportait avec d'autres médias que les attaques anti-ouïghour à l'usine de jouets Xuri située à Shaoguan dans la province du Guangdong étaient à l'origine des émeutes de la province du Xinjiang.

le 26 Juin 2009, des combats ont éclaté à l'usine de jouets, entre travailleurs Han et Ouïgours. Cette agression violente a fait deux morts parmi les migrants de la région de Xinjiang. Mais aujourd'hui, quand on regarde la photo pleine de page de la couverture du Xinkuai Bao daté du 8 juillet, la premier chose qui frappe est le sourire des ouvrières ouïghours de l'usine Xuri.

Xuri, l'entreprise Hong-Kongaise compte 18 000 employés, mais le 27 Juin 2009, seuls 3000 travailleurs étaient à leurs postes. Le lendemain, le gouvernement local envoya une équipe pour expliquer les circonstances de l'incident. A présent, plus de 16.000 travailleurs sont retournés travailler et la production est de retour à la normale.

Selon un rapport officiel, 13 personnes ayant participé à l'incident, dont 3 originaires de la région du Xinjiang, seraient actuellement en détention. Pour l'instant, les policiers continuent à rassembler des preuves et terminent le travail préparatoire pour engager les poursuites. 60 ouvriers du Xinjiang ont du être hospitalisés.

Le Nanguo Metropolis Daily de Haikou, province de Hainan, et un certain nombre d'autres journaux ont repris les analyses de Li Wei, un expert en anti-terrorisme, qui a comparé les émeutes d'Urumqi à celles du 14 Mars 2008 à Lhassa.

Li estime que le Congrès Mondial Ouïgour (CMO), dirigé par Mme Rebiyа Kаdeer, entretient des liens étroits avec le gouvernement en exil du Dаlai Lama, et suggère qu'il est possible que les fomenteurs des émeutes du 5 Juillet 2009 ont été inspirés par les émeutes de Lhassa:

"Lors de la célébration du 50e anniversaire de la fondation de la Région autonome du Xinjiang, Rebiyа a appelé ouvertement l'organisation du Turkestаn oriental à mener à bien une attaque semblable aux troubles du 14 Mars 2008. Maintenant, quand nous comparons les deux incidents, il apparaît de nombreuses choses similaires.
[...]
L'explosion à Kuche et la tentative de faire exploser en vol un avion de ligne sont dues, dans une large mesure, à l'influence qu'exerce le CMO par le biais d'Internet. Il a toujours aidé à préparer des actions de sabotage. L'incident de Shaoguan n'est qu'un catalyseur. Même s'il n'y avait pas eu d'incident de ce type, ils auraient trouvé une autre excuse pour mener à bien leur complot."

Li Wei a déclaré que le Congrès Mondial Ouïgour a parfaitement coordonné cette révolte pour coïncider avec le 50e anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine. L'expert chinois a également suggéré qu'il fallait s'attendre à voir surgir d'autres émeutes. 'Tant que les forces du Turkestаn Oriental en exil existeront, elles continueront à infiltrer la Chine, pour perpétrer ce type d'incidents."

La police du Xinjiang dit avoir intercepté des conversations téléphoniques enregistrées impliquant des organisations basées à l'étranger qui donnaient des instructions aux activistes présents à l'intérieur du pays.


Note: Le 10 août 2008, 11 personnes ont été tuées dans une explosion de le comté de Kuche dans la région autonome du Xinjiang. Le 7 Mars, une femme ouïgour à bord d'un vol de China Southern Airlines de Urumqi à Pékin a été trouvé avec une bouteille d'essence.


http://epaper.xkb.com.cn/view.php?id=419097

mardi 7 juillet 2009

Non, ce n'est pas Tian'anmen...


Dan Chung a proposé au Guardian la photographie d'une femme marchant avec ses béquilles, supposée arrêter l'avancée des forces de l'ordre chinoise. Le symbole est fort, peut-être trop. Le "cliché" n'est pas sans évoqué lourdement la célébre photographie publiée le 4 juin 1992 dans le même Guardian, celle de l'homme au char dit de Tian'anmen.
Le message subliminal est le suivant: les autorités chinoises ont massacré les ouïgours.
La réalité est bien plus complexe. Je laisse aux officionados le soin de commenter.


http://www.guardian.co.uk/world/gallery/2009/jul/06/china?picture=349902168&morepage

PEKIN-URUMQI : LA HAINE

XINJIANG : GUERRE CIVILE






dimanche 5 juillet 2009

Han-Ouïgour : le choc des cultures

Opérations militaires anti-terroristes au sud Xinjiang

Ce jour, des émeutes ont éclaté à Urumqi, capitale de la région autonome du Xinjiang située dans le grand ouest chinois. Les combats de rues ont fait plus de 140 morts et environ 816 blessés selon l'agence de presse Xinhua.

Après les évènements ayant opposé Hans et Tibétains en 2008, un nouveau choc fissure la mosaïque de l'harmonie ethnique de la République populaire de Chine.

Un important dispositif policier a été mis en place pour calmer les esprits et procéder aux premières arrestations.

Selon Xinhua, des Ouïgours s'en seraient pris aux passants et aux voitures circulant dans le centre d'Urumqi.

Ces incidents auraient impliqué plusieurs milliers d'individus.

Pour certains, il pourrait s'agir de réactions violentes après des "ratonnades" anti-ouïgour qui se sont déroulées le 25 juin 2009 à Shaoguan (Guangdong) sous forme de batailles rangées entre ouvriers migrants d'ethnie Hans et Ouïgours ayant causé la mort de plusieurs personnes.

Dans la Chine actuelle, l'homme ouïgour est perçu comme un voleur, un séparatiste et un terroriste.

Shanghai 2010 : Dongtan, la possibilité d'une île

Dongtan, ses marécages

Dongtan, ville modèle du développement durable devait être la vitrine écologique de la Chine à l’occasion de l’exposition universelle 2010. Située au nord de Shanghaï et à l’extrémité orientale de Chongming, une grande île, à l’embouchure du fleuve Yangtse, cette éco-cité est restée au stade de projet. Dans une première phase, la ville durable devait accueillir 10 000 habitants pour compter à terme 500 000 personnes sur 86 km² en 2050.

Mais à ce jour, la première phase des travaux n’a toujours pas vu le jour par manque de financement. Le coût de l’opération s’élevait officiellement à 1,3 milliard de dollars, mais la facture a rapidement dépassé les 10 milliards.

Ce qui devait être la plus belle « vitrine écologique » du monde n’était qu’un rêve au pays des métropoles les plus polluées de la planète.


Pour l’heure, il paraît légitime de se demander si le grand projet-modèle n’était pas une simple opération marketing orchestrée par quelques édiles shanghaïens ? Dongtan qui devait être la locomotive de l’exposition universelle de Shanghaï est restée en gare. Pour le moins, elle aura fait rêver le monde sur le thème d’une Chine meilleure qui se préoccupe du changement climatique et du développement durable.

Sans parler de la crise économique mondiale qui n’a rien arrangé à l'affaire.

Et pourtant, le projet d’écoville de Dongtan semblait très prometteur.
Revenons en 2005. Suivant le modèle des éco-quartiers du Bedzed (Beddington Zero Energy Development) de Sutton près de Londres, la Shanghai Industrial Investment corporation avait fait appel à Arup, conseil en ingénierie pour bâtir la première écoville du monde.


Le projet constitué de trois écovillages prévoyait un développement en trois phases.

- La première devait être livrée en 2010 pour accueillir 10 000 résidents sur un site de 100 hectares.
- La seconde prévoyait un site développé sur 650 hectares en 2020, accueillant 80 000 habitants.
- La troisième annonçait un développement futur atteignant les 500 000 habitants sur 3 000 hectares en 2050.


Mais depuis, rien n’a bougé, les acteurs du projet ne sachant toujours pas qui paierait quoi.

Pour les fidèles du miracle shanghaïen, Dongtan devait être la vitrine économique des dernières innovations techniques et urbanistiques, en termes de production d’énergie verte, d’isolation ou de circulations douces.


Les particularités du projet Dongtan déclinaient à tout venant :
- Utilisation des énergies renouvelables : éolienne ou solaire,
- Agriculture biologique,
- Les ressources locales utilisées pour la construction,
- Piles à combustible pour les véhicules, transports en commun, scooters électriques et vélos, voitures polluantes interdites dans la ville, taxis fluviaux fonctionnant à l’énergie solaire, interdiction des véhicules polluants,
- Du gazon et des plantes vertes recouvrent les toits pour l’isolation des bâtiments et le recyclage de l’eau,
- Huit étages maximum pour les immeubles,
- Pour les piétons, un espace six fois plus grand qu’à Copenhague.
- 20% des logements réservés à l”habitat social.

Dongtan allait interdire les véhicules polluants
40% de l’espace devait être occupé par des bâtiments, des réserves écologiques et des couloirs naturels aménagés. Les transports en commun devaient réduire la pollution sonore et l’émission de CO2. Les taxis fluviaux devaient fonctionner à l’énergie solaire et les bus à l’hydrogène.
Les lacs et canaux devaient être autant de moyens de transports naturels.
Le projet de mobilité de Dongtan avait donc un objectif zéro émissions de gaz à effet de serre dans les transports, le rêve.

De surcroît, Dongtan devait faire une large place aux énergies renouvelables, entre l’éolien des vents marins et le solaire, chaque immeuble devant être équipé de panneaux à cellules photovoltaïques.
Dongtan devait être énergétiquement autonome. Les bâtiments devaient fournir leur électricité par des panneaux photovoltaïques et des mini-turbines alimentées par le vent. Les transports en commun devaient fonctionner à l’énergie solaire, grâce à la biomasse ou encore aux piles à combustibles. Les trois villages devaient être construits autour d’étangs. Les bâtiments comportant des toits végétaux ne devaient pas excéder huit étages.

On nous promettait un urbanisme inédit pour la Chine, qui s’est lancée depuis une décennie dans la construction de gratte-ciel et qui compte 8 des 10 édifices les plus hauts du monde.

Le projet Dongtan prévoyait un air de qualité supérieure, les voitures à diesel et essence étant bannies du centre-ville au profit des transports verts, bus ou tramway.
Les deux tiers de la ville, composés d’espaces verts, devaient être réservés aux piétons. Ces zones devaient être consacrées à l’agriculture et constituer des zones tampons de marécages domestiqués, permettant de faire la transition avec les marécages “naturels”. Les habitants allaient manger des aliments issus de l’agriculture biologique produits localement. La marina allait être entourée d’espaces dédiés aux loisirs et aux zones résidentielles.

On devait recycler 80% des déchets solides. Les ordures ménagères devaient servir de combustible pour produire de l’électricité.

La liste des innovations est encore longue mais le souffle me manque.



En toute modestie, les « villes propres » fleurissent en Chine depuis les années 1990, tel Zhijiagang, son centre piétonnier et ses larges avenues arborées. Là-bas, la vie continue.

A l’image des grands projets chinois d’éco-cités, Dongtan est mort né. Chen Liangyu, l’ancien maire de Shanghai qui soutenait le projet, purge une peine de 18 ans de prison pour corruption. A part, le pont et le tunnel desservant quelques tours sur l’île de Chongming, rien à l'horizon.

"Il existe au milieu du temps, la possibilité d'une île".

Aussi, il est encore temps de se tourner vers Abu Dhabi où l’architecte Norman Foster propose un projet similaire, pour le moins ambitieux.

vendredi 3 juillet 2009

Mao: Image pieuse