dimanche 30 septembre 2007

Mon cher ennemi (Extrait)

Une fois les amateurs de soupe partis, la cour se révéla déserte. Une paire de baguettes en bois reposant sur chacun d'eux, des dizaines de bols de choux bien ronds, ouverts sur le ciel, semblaient y avoir poussé. Peu avant on entendait encore des bruits de succion et tout à coup, il ne restait que des bols vides. Absorbé par le néant, Lao Dan les regardait. Pendant un long moment, il resta sans voix. Sa cour le faisait songer à une scène de théâtre après le spectacle. Dadan en avait une perception tout à fait différente, il estimait que ces bols vides appartenaient au passé. Des choses bien plus fraîches et bien plus palpables l'attendaient, car pour lui, le spectacle n'avait pas encore commencé. Il dit : Huanhuan, allons dans la chambre, notre père aime bien réfléchir, laissons-le et rentrons. Quand Huanhuan fit volte-face, Lao Dan se mit à parler.
- Vous retournez dans votre chambre, et que faites-vous des bols vides ? C'est à moi de les laver ?
- Mais je te vois les regarder, dit Dadan.
- Je les regarde ? Et pourquoi je m'intéresserais à des bols vides ? Tu te trompes !
Huanhuan ne dit rien, elle retroussa ses manches et commença à ramasser les grands bols de porcelaine. Dadan resta figé, ne sachant que faire, puis il se mit à l'aider. Le claquement de la vaisselle redonnait vie à cette maison. Immobile, Lao Dan les regardait faire. Somme toute, il reconnaissait qu’elle savait respecter les usages. Quand ils eurent fini de ranger, il faisait nuit. Dadan et Huanhuan se tenaient debout devant leur père, attendant de nouvelles instructions.
Mon cher ennemi de Yang Zhengguang
traduit par Raymond Rocher et Chen Xiangrong
aux éditions Bleu de Chine.

Clonage de Notre-Dame-du-Haut


Qui ne connaît la Chapelle Notre-Dame-du-Haut construite par Le Corbusier sur la colline de Bourlémont à Ronchamp (Haute-Saône). Ce bâtiment phare de l'architecture moderne a été reproduit dans la ville de Zhengzhou au Henan. Il ne fallait pas se montrer trop regardant sur l'adaptation au site et encore moins s'attarder sur l'échelle, les proportions et autres détails techniques.

Depuis, le clone a été détruit sur injonction de la municipalité. Une lettre de la Fondation Le Corbusier tombée dans les mains d'un officiel a réduit la copie en un tas de blocs de béton.

Yuanmingyuan: un jardin d'enfants


Une semaine après la célébration des journées européennes du patrimoine par les nations du vieux continent, la Chine promouvait sa septième édition de la journée d'éducation pour la défense nationale. Promue par le ministère de la défense, cette manifestation a pour objet la promotion du patriotisme, du nationalisme et de l'héroïsme.

A cette occasion, lors du troisième week-end de septembre, le jardin de la Parfaite Splendeur (Yuanmingyuan) situé au nord-ouest de Pékin, accueillait à titre gratuit une foule d'étudiants, d'écoliers et leurs accompagnateurs. En effet, les vestiges de l'ancien palais d'été sont aujourd'hui considérés comme le symbole de l'humiliation infligée à la Chine par les forces impérialistes étrangères. Il s'agit de faire référence à la mise à sac de la résidence de l'empereur Xiangfeng en 1860, mais aussi à l'intervention de la coalition multinationale venue réduire la révolte des Boxeurs en 1900.

Lors de cette journée nationale, les ruines des anciens édifices d'influence européenne, œuvres des missionnaires jésuites, furent le théâtre de scènes de défoulement collectif en parfaite insouciance. Imagineons un instant, les bassins du Château de Versailles envahis d'adolescents ignares escaladant les fontaines.

Apparemment, le discours du Parti communiste chinois sur la valeur national et le respect des monuments historiques n'a pas encore été bien compris.

mardi 25 septembre 2007

Mon cher ennemi

Le roman de Yang Zhengguang Lao Dan shi yikeshu traduit par Raymond Rocher et Chen Xiangrong est sorti en septembre 2007 sous le titre "Mon cher ennemi" aux éditions Bleu de Chine.
L'auteur a cosigné l'adaptation cinématographique sous le nom de "Harry became a tree". Ce long métrage de Goran Paskaljevic a été nominé pour le lion d'or du festival du film de Venise en 2001.
Le rôle titre est tenu par l'acteur Colm Meaney (The Van de Stephen Frears, Claire Dolan de Lodge H. Kerrigan ou encore Blueberry de Jan Kounen) et Cillian Murphy joue son fils (Le vent se lève de Ken Loach, Breakfast on Pluto de Neil Jordan).




Extraits de l'adaptation cinématographique :


http://www.youtube.com/watch?v=x_ms6eiNFGY

http://www.youtube.com/watch?v=afypqD7MUP8

http://www.youtube.com/watch?v=n63cXMrj_4c



dimanche 23 septembre 2007

Encourageons le nationalisme


Le « butin » de la mise à sac du palais d'été perpétré par les forces franco-britannique en octobre 1860, et dont parle Victor Hugo dans sa lettre au capitaine Butler, commence à revenir à la « Chine spoliée », mais à quel prix !
D'après le quotidien du peuple, l'administration d'Etat pour le patrimoine culturel (SACH) a annoncé qu'à la date du 20 septembre, le milliardaire macanais Stanley Ho (He Hongshen) aurait acquis une tête de cheval en bronze auprès d'un collectionneur privé taiwanais, pour un peu plus de 69 millions de Hong Kong dollars. La tête faisait parti du butin rapporté en France par les troupes coloniales. Datant de la dynastie Qing (1664-1911), cet objet d'art était autrefois installé à proximité du palais de la mer calme (Haiyantang), l'un des anciens édifices d'influence européenne du Jardin de la Parfaite Splendeur (Yuanmingyuan) à Pékin. La sculpture représente l'un des douze animaux du zodiaque chinois et constituait l'un des éléments ornant une horloge hydraulique conçue par les missionnaires jésuites.

Après en avoir fait don à la RPC, l'empereur des casinos a déclaré: "En réalisant cette transaction, j'espère avoir encouragé plus de gens à préserver les objets d'art chinois et à développer le patriotisme et le nationalisme".

Cette antiquité sera exposée du 4 au 8 octobre à Hong Kong et le 9 octobre à Macao avant de rejoindre le Poly Art Museum de Pékin, où reposent déjà une tête de cochon ainsi que celles du tigre, du boeuf et du singe acquises précédemment par l'Etat chinois pour plus de 31 millions de Hong Kong dollars.


jeudi 6 septembre 2007


Que cent rues s'épanouissent

Il aura fallu attendre cinq ans pour pouvoir célébrer en octobre 2007 la renaissance de l'avenue Qianmen à Pékin. Située sur l'axe nord-sud traversant la funeste place Tiananmen, elle accueillera, dans un premier temps et pour le plus grand plaisir des badauds, plus de 200 nouvelles vitrines et 13 magasins rénovés aux enseignes jadis réputées. L'ensemble commercial, pastiche d'une architecture années impériales (1644-1911), années folles (1920), années crises (1930), devrait couvrir environ 70 000 m2. Un tramway old style sillonnera l'avenue piétonne rythmée par cinq arcs commémoratifs (pailou) lourdement revival. De fait, si vous avez aimé Wangfujin, alors vous adorerez Qianmen.


Relativement récent, ce nouvel engouement pour les rues commerçantes date des années 1990. Véritables indicateurs de l'entrée de la Chine dans l'économie de marché et le développement touristique, nombre de ces voies piétonnes également appelées « rues culturelles » ont été aménagées dans les grandes métropoles chinoises. Elles ont pour caractéristiques la mise en valeur d'un style architectural pastichant l'ancien. Les rues Wangfujin à Pékin, de Nankin à Shanghai, Shangxiajiu à Canton, ou bien Jianghan à Wuhan en sont les exemples récents.







samedi 1 septembre 2007


Coup de pub

Après Shanghai, l'instigateur du Traité de conception durable - Chine, Serge Salat a exposé du 16 au 19 août 2007 au Zhongxin Plaza, le gratte-ciel le plus élevé de Canton.
Sous l'angle de la haute technologie, et notamment de l'usage du titane, cet architecte et directeur de projets au CSTB a produit une installation composée de 288 miroirs de 5 mm d'épaisseur et de 50 écrans LCD dans laquelle a été placée une automobile de marque américaine. Le visiteur se demande si cet artefact total look ne cacherait pas le lancement d'un nouveau modèle sur le marché chinois.

Ce sculptural labyrinthe de l'infini où règnent l'électronique et la vidéo enrobées d'une luminosité bleu blanc rouge, pourrait évoquer les oeuvres de Piranèse et de Borges, sur un mode distancié.